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Laurent Contamin
auteur, metteur en scène, comédien
Un clic, un texte
Spectacles en diffusion
Disponibles en tournée :
- Le Jardin,  théâtre musical jeune public, Cie Cela Dit, mise en scène Laure Gouget / théâtre d'objets, Cie La Robe à l'Envers, m.e.s Elena Bosco / Signé Kiko, Laurent Contamin, Cie Fond de Scène
- Léon l'Enfant Noël, jeune public, Cies Ultrabutane 12.14 / Souffle 14, mes Lorena Felei
- Nicolette et Aucassin, marionnettes et musique, tout public, Cie L'Atelier mobile, mes Joanna Bassi
-- Tant que nos coeurs flamboient, tout public, Cie Souffle 14, mes Laurent Contamin
- Juby, solo, Cie Fond de Scène
- En attendant Dersou, tout public, Cie Souffle 14, mes Lorena Felei
- Un Verger pour Mémoire, tout public, Cie Demain on Déménage, mes Delphine Lalizout et Olivier David
Cantique aquatique, marionnettes sur l'eau, Illusia Théâtre, mes Marja Nykänen
Le Parfum d'Edmond, jeune public, Cie Baba Sifon, mes Bénédicte Guichardon
Les Murmures de Haute-Clairekamishibaï jeune public, Laurent Contamin
- En pure Perte, Laurent Contamin
- Murmures d'Eveilleurs, Illusia Théâtre, mise en scène Marja Nykanen
Pour un oui ou pour un non, de Nathalie Sarraute, Cie Ô Perchée
Fasse le ciel que nous devenions des Enfants, tout public, Cie Demain on déménage, mes Delphine Lalizout / Cie Souffle 14, mes Lorena Felei
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En pure Perte
J’apprends à voir, oui. Par exemple : je n’avais jamais pris conscience du nombre de visages qu’il y a. Il existe une foule de personnes, mais plus encore de visages que de personnes. Parce que voilà : chacun de nous en a plusieurs.
Il y a des gens, mettons, ils portent un visage pendant des années, évidemment ça s’use, ça se salit, un visage – ça se gerce, ça se déforme comme des gants qu’on a portés en voyage. Ce sont des gens simples, économes, des gens de peu comme on dit ; ça fait qu’ils n’en changent pas, ne le donnent même pas à nettoyer, rien : « Non non, ce visage nous suffit » – s’ils le disent c’est que c’est vrai.
Sauf que du coup on se demande : s’ils ont plusieurs visages et qu’il n’en utilisent qu’un, qu’est-ce qu’ils font des autres ? Ils les gardent. Ils les conservent. Ce sera pour… Tiens, oui : leurs enfants n’auront qu’à les porter plus tard. Mais il arrive aussi que leurs chiens les mettent pour sortir – et pourquoi pas ? Un visage reste un visage.
D’autres changent incroyablement vite de visages, les portent l’un après l’autre, et hop, et hop – ils flambent leur stock. Ils croyaient en avoir suffisamment pour toujours, mais ils ont à peine quarante ans, et voilà déjà le dernier. Quarante ans, imaginez. Ça a un côté tragique, non ? Ils ne sont pas habitués à faire attention à leurs visages (des têtes brûlées on dit ça, je crois) le dernier est abîmé en huit jours, a des trous, en de nombreux endroits il est fin comme du papier-bible, et peu à peu apparaît le fond, la doublure, le non-visage, et c’est ce non-visage là qu’ils promènent le restant de leur vie.
(d'après Journal de Malte-Laurids Brigge, Rainer-Maria Rilke, trad. O. Loeffler et L. Contamin)

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